Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/141

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droits de l’homme, de celui de se gouverner soi-même, et que vous souffrez que l’on y apporte quelques limites positives et artificielles, aussitôt toute l’organisation du Gouvernement devient matière de convenance. C’est là ce qui rend la constitution d’un État, et la distribution équitable de ses pouvoirs, l’objet de la science la plus délicate et la plus compliquée ; c’est là ce qui exige une connaissance si profonde de la nature humaine et de ses besoins, de toutes les choses qui peuvent faciliter ou empêcher les différentes fins qu’on se propose par le mécanisme des institutions civiles. L’État a besoin de ranimer ses forces, et de remèdes à ses maux. À quoi servirait, pour alimenter ou pour guérir, une discussion abstraite sur les droits de l’homme ? La question est de savoir procurer et administrer l’un et l’autre ; et, en pareille circonstance, je conseillerais toujours plutôt d’avoir recours au fermier et au médecin, qu’aux professeurs de métaphysique.

La science de composer un État, de le renouveler, de le réformer, de même que toutes les autres sciences fondées sur l’expérience, ne s’apprend pas à priori ; et l’expérience de cette science pratique ne s’acquiert pas en un jour, parce que les effets réels, produits par des causes morales, ne sont pas toujours immédiats ; parce que telle chose, qui paraît préjudiciable au premier abord, peut être excellente dans ses opérations éloignées, et parce que cette bonté même ne dérive peut-être que des mauvais effets produits au commencement. On voit arriver aussi le contraire ; et des plans