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Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/145

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luit, je regarde cette boutade plutôt comme une licence poétique, que comme un des priviléges du Parnasse ; et quant à celui qui a exercé cette sorte de droit, fût-il poëte, théologien ou politique, j’aurais trouvé beaucoup plus sage, parce que ç’aurait été plus raisonnable, de sauver l’homme, que de conserver ses pantoufles d’airain comme un monument de sa folie.

Si la honte[1] ne rompt pas cette Société de la Révolution, l’espèce de sermon annuel qu’on y débite pour célébrer l’époque de notre révolution, sermon auquel se rapporte la plus grande partie de ce que j’écris, parviendra peut-être, à force de subtilités, à effacer de l’esprit des hommes qui la composent., les véritables principes de cette révolution, et à les priver même des avantages qu’elle nous a procurés. Je vous avoue, Monsieur, que je n’ai jamais aimé ces entretiens perpétuels sur la résistance et sur les révo-

  1. Cet ouvrage parut à Londres le 1er novembre 1790, il était imprimé, en partie, quelques mois avant sa distribution. Chacun sait aujourd’hui que quatre jours après, un grand événement justifia cette sorte de prédiction ; que lord Stanhope et d’autres personnes de marque rayèrent leurs noms de la liste des souscripteurs ; que le docteur Rees, qui avait été désigné pour faire le discours, refusa, au dernier moment, de remplir son engagement, en sorte qu’il fallut s’en passer, et qu’à la taverne de Londres, le sort de cette assemblée sembla avoir reçu le coup le plus funeste ; le docteur Price était seul à en faire les honneurs (il était le toast-master, le maître des santés, ou roi du festin) ; le vacarme était si grand, que des papiers anglais dirent qu’à force de communiquer avec leurs correspondans, ces gentlemen en avaient pris les manières. C’est à peu près ce qui arrive aujourd’hui au successeur du docteur Price, à l’orateur de Spafield, M. Hunt.