Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/146

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lutions, ni cette manière de faire son aliment journalier de ces remèdes extrêmes de la Constitution ; cela rend la complexion de la Société dangereusement valétudinaire ; c’est comme si l’on prenait périodiquement des doses de sublimé corrosif, et comme si l’on avalait de fréquens breuvages de cantharides, pour se provoquer à l’amour de la liberté.

Ce désordre de remèdes, par son usage habituel, finit par relâcher et détruire les ressorts de cet esprit qui ne doit agir que dans les grandes occasions. C’était à l’époque la plus soumise de la servitude de Rome, que l’on donnait pour les exercices journaliers, aux élèves d’une nombreuse classe, des thèmes sur le droit de tuer les tyrans :

« Cùm perimit sævos classis numerosa tyrannos. » (Juv. sat. VII.)[1].

Dans un état ordinaire de choses, et dans une contrée comme la nôtre, cela produit les plus mauvais effets, même pour la cause de la liberté, que cela trahit, par le dérèglement et par l’extravagance des spéculations. Presque tous les républicains les plus outrés que j’ai connus, sont devenus en fort peu de temps les courtisans les plus décidés et les plus accomplis[2] ; ils

  1. N’était-ce pas aussi quand la France gémissait sous le joug odieux du terrorisme, que tous les édifices publics ou particuliers portaient, au dedans et au dehors, ces libérales inscriptions : liberté, égalité, fraternité ou la mort ! Les prisons mêmes en étaient décorées !(Note de l’Éditeur.)
  2. C’est un terrible homme que ce M. Burke qui va faire ainsi, dix ans d’avance, le procès à nos républicains les plus outrés, que nous avons vus changer si lestement leur carmagnole et leur bonnet rouge