Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/27

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mencé à saisir un si grand nombre d’Anglais, et nommément plusieurs des personnages les plus influens. On a vu peu de livres produire une pareille sensation. Il eut un débit dont on n’avait pas d’exemple en Angleterre ; il fut recherché en France avec une égale avidité. Les ennemis de Burke eux-mêmes ne pouvaient se refuser à reconnaître une grande profondeur et des beautés du premier ordre dans cet écrit qui, d’ailleurs, décèle une imagination très ardente et quelquefois peu réglée. D’un autre côté, il rencontra quelques critiques sévères et même assez redoutables. Entre autres réponses auxquelles ses Réflexions donnèrent lieu, on connaît les fameux Droits de l’homme, par Payne. Pendant un certain temps, ils semblèrent, malgré la disproportion de talent et de raison entre les deux antagonistes, devoir balancer l’effet produit par l’illustre orateur ; mais bientôt les événemens et les grands intérêts mis en jeu se réunirent pour établir l’avantage absolu du côté de Burke, et on ne peut douter que la direction donnée par son opinion ne soit entrée pour beaucoup dans l’impulsion populaire qui porta les Anglais a une guerre dont les funestes conséquences se sont fait sentir si long-temps. Il continua le même genre d’attaque, en publiant, 1o sa Lettre à un membre de l’Assemblée nationale, 1791 ; 2o un Appel des Whigs modernes aux Whigs anciens ; 3o Lettre à un lord, sur une discussion avec le duc de Bedford ; 4o Pensées sur la paix avec un Directoire régicide. Son horreur toujours croissante pour la révolution française était devenue la passion dominante de son âme. Il ne pouvait en entendre parler sans éprouver une irritation violente ; aussi les succès qui soutinrent cette révolution ont