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Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/50

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mépris à l’indignation, du rire aux larmes, et du dédain à l’horreur.

Il faut cependant convenir que quelques personnes ont envisagé cette scène sous un point de vue tout-à-fait différent ; elles n’y ont trouvé matière qu’à des élans de joie et à des transports de ravissement ; elles n’ont vu, dans ce qui est arrivé en France, que l’effort courageux et modéré de la liberté ; elles ont trouvé le tout dans un tel accord avec la morale et la piété, que non-seulement elles l’ont jugé digne du panégyrique des séculiers, des téméraires politiques machiavélistes, mais même qu’elles l’ont trouvé très-propre à cadrer avec toutes les pieuses effusions de l’éloquence de la chaire.

Voici le fait. Le 4 octobre dernier, le matin, au rendez-vous accoutumé des dissidens, rue de Old Jewry, tout le club, ou toute la confrérie étant assemblée, un ministre non conformiste très-éminent, le docteur Richard Price, débita un ramassis assez extraordinaire en forme de sermon, où l’on remarquait quelques bons sentimens de morale et de religion, qui n’étaient pas mal exprimés ; ils étaient mêlés dans une sorte de consommé d’opinions et de réflexions politiques de plusieurs espèces ; mais la révolution de France était l’ingrédient le plus considérable de cette composition[1]. Je regarde l’adresse que la Société de la

  1. Il y a dans l’original, in the cauldron, « dans le chaudron ». Cette expression rappelle à l’imagination de tous ceux qui sont familiarisés avec le théâtre de Shakespeare, la scène première de l’acte IV de