Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/49

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Comme la tranquillité de ma patrie est le principal objet de mes vœux, sans que je sois cependant indifférent à celle de la vôtre, je donnerai plus d’étendue à une correspondance que je n’avais destinée d’abord qu’à votre propre satisfaction ; c’est à vous, monsieur, que je continuerai de m’adresser, et mes regards seront toujours fixés sur votre patrie. Je conserverai la forme épistolaire, parce que mes pensées en seront plus libres, et que je les expliquerai à mesure qu’elles me viendront à l’esprit, sans que j’aie à m’occuper du soin de les classer avec plus de méthode. Je débute par la conduite de la Société de la Révolution ; mais je ne me bornerai pas à ce qui la regarde. Et comment le pourrais-je ? Il me semble que je suis au milieu d’une grande crise, et que ce n’est pas la France seule, mais l’Europe entière, et peut-être plus que l’Europe, qui y est intéressée. En réunissant toutes les circonstances de la révolution de la France, on peut dire. que c’est certainement la plus étonnante que l’on ait vue jusqu’à présent dans le monde entier. Les choses les plus surprenantes ont été exécutées en plusieurs occasions par les moyens les plus absurdes et les plus ridicules, avec des formes qui l’étaient tout autant, et l’on ne pouvait pas mettre en évidence des agens plus méprisables. Tout paraît hors de nature dans ce chaos étrange de légèreté et de férocité, et dans ce mélange de toutes sortes de crimes mêlés à toutes sortes de folies. En jetant les yeux sur ces monstruosités et sur ces scènes tragi-comiques, les passions les plus opposées se succèdent, et quelque fois se confondent ensemble dans l’esprit ; on passe du