Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/62

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

est contre tous les vrais principes de la jurisprudence, de prendre pour règle une loi faite dans un cas particulier et pour un individu particulier : Privilegium non transit in exemplum. S’il y eut jamais un temps favorable pour établir en principe, qu’un Roi choisi par le peuple était le seul qui fût légal, sans contredit, c’était celui de la révolution. Si l’on ne l’a pas fait alors, c’est une preuve que la nation pensait qu’on ne devait jamais le faire en aucun autre temps. Il n’y a personne qui ignore notre histoire, au point de ne pas savoir que, dans le Parlement, le plus grand nombre dans chaque parti était si peu disposé à rien faire de conforme à ce principe, qu’en premier lieu ils étaient déterminés à placer la couronne vacante, non pas sur la tête du prince d’Orange, mais sur celle de sa femme Marie, fille du roi Jacques, aînée des enfans de ce roi, dont ils reconnaissaient indubitablement le droit. Ce serait vous rappeler une histoire bien rebattue, que de réunir sous vos yeux toutes ces circonstances qui démontrent que l’avènement de Guillaume n’a pas été, à proprement parler, un choix, mais que, pour tous ceux qui ne souhaitaient pas en effet de rappeler le roi Jacques, ou, ce qui serait revenu au même, d’inonder le royaume de sang, et exposer la religion, les lois et la liberté aux mêmes dangers auxquels on venait d’échapper, c’était véritablement une résolution de nécessité, dans toute l’étendue de la signification morale que l’on peut donner à ce mot.

Au surplus, il est très-curieux d’observer, dans cet