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Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/85

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muns à les discuter. La ligne spéculative de démarcation qui indique le moment où l’obéissance doit cesser, et celui où la résistance doit commencer, est en vérité bien douteuse, bien difficile à apercevoir, et plus difficile encore à définir. Ce n’est pas un seul acte ou un seul événement qui peut la déterminer. Il faut que l’on ait bien mésusé du pouvoir, et que le gouvernement soit dans une grande confusion ; il faut que la perspective de l’avenir soit aussi mauvaise que l’a été l’expérience du passé, avant que cette idée puisse venir à l’esprit. Quand les choses sont arrivées à cette situation déplorable, la nature même du mal indique celle du remède à ces hommes que la nature a doués des qualités nécessaires pour administrer cette mesure délicate, ambiguë et amère, à un État en désordre. Le temps, les occasions, les provocations, leur fourniront alors les leçons nécessaires. Le sage se déterminera par la gravité du cas ; l’irritable, par sa sensibilité à l’oppression ; l’esprit élevé, par le dédain et par l’indignation qu’il éprouve, en voyant le pouvoir confié à des mains qui en sont indignes ; le brave et le téméraire, par cet amour honorable des dangers dans une cause généreuse. Mais à bon droit ou à tort, une révolution paraîtra toujours la dernière ressource à celui qui pense, et de celui qui aime le bien[1].

  1. Ce ne sont pas là les principes de nos modernes Solons ; et il ne fant pas remonter bien haut pour trouver des écrivains, des orateurs, des députés, des pairs et même des ministres, qui, à l’occasion d’une simple proposition constitutionnelle, ont fait un appel aux trente millions de citoyens !(Note de l’Éditeur.)