Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/99

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seils de la modération, et les a privés de leurs moyens les plus puissans ; elle a sanctifié les maximes sombres et soupçonneuses d’une défiance tyrannique, et elle a appris aux rois à trembler devant (ce qu’on appellera par la suite) les trompeuses apparences du droit des politiques moraux. Les souverains regarderont ceux qui leur conseillent de placer une confiance illimitée dans leur peuple, comme des ennemis de leur trône, comme des traîtres qui visent à leur destruction, en abusant de leur naturel facile et bon, pour les amener, sous de faux prétextes, à admettre à la participation de leur pouvoir des conspirateurs audacieux et perfides. Cela seul, n’y eût-il rien de plus, est, pour vous et pour tout le genre humain, une calamité irréparable. Ressouvenez-vous que votre Parlement de Paris a dit à votre Roi, qu’en convoquant les États-Généraux, Sa Majesté n’aurait à craindre que les prodigues excès de leur zèle pour le maintien du trône. Il est juste que ceux qui ont ainsi parlé enveloppent leurs têtes de leurs manteaux ; il est juste qu’ils supportent leur part dans la ruine où leur conseil a entraîné leur souverain et leur pays. Des déclarations si véhémentes ne tendent qu’à bercer et à endormir l’autorité, à l’encourager témérairement à s’engager dans les périlleuses aventures d’une politique incertaine ; à négliger ces mesures, ces dispositions et ces précautions préalables qui distinguent la bienveillance de l’imbécillicité ; dispositions sans lesquelles aucun homme ne peut répondre des effets salutaires de nul plan abstrait de gouvernement ou de liberté. Faute de ces précautions,