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Page:Régamey - Verlaine Dessinateur, 1896.djvu/22

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Poëmes saturniens, les Fêtes galantes, la Bonne Chanson datent de cette époque ; déjà on saluait en lui le maître auquel on vient de faire de si belles funérailles.

En lisant ses œuvres au dessert, il prenait le ton pervers et mystificateur d’un singe bon enfant qui garde un air de défi hautain.

Une grimace irrésistible soulignait — régal exquis — ce dernier vers d’un de ses poëmes des Fêtes galantes :

Mais un entre autres me troubla,

ou bien ce morceau de Jadis et naguère, qui débute ainsi :

Or, ce vieillard était horrible : un de ses yeux.
Crevé, saignait, tandis que l’autre, chassieux,
Brutalement luisait sous le sourcil en brosse !

Je le vois aussi récitant cet Ami de la Nature, improvisation d’un soir, assez fugitive pour que personne, à commencer par l’auteur, n’ait songé, je crois, à la recueillir. — En voici quelques couplets à titre de curiosité :

J’crach’ pas sur Paris, c’est rien chouette !
Mais comme j’ai une âme d’poëte
Tous les dimanches j’sors de ma boîte
Et j’m’en vais, avec ma compagne
À la campagne.

Nous prenons un train de banlieue
Qui nous brouette à quelques lieues
Dans le vrai pays du p’tit bleu…
On n’boit pas tous les jours d’champagne
À la campagne.

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