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INTRODUCTION.

tonneau de vin, et deux setiers de cette boisson à prendre sur le premier tonneau, ils contentèrent ce noble, et s’assurèrent la liberté du passage devant son castel féodal[1] . Mais il n’étoit pas si facile d’apaiser la bourgeoisie marchande des villes sur la Seine, qui, trouvant ses intérêts lésés par les prétentions des Parisiens, se plaignit vivement des entraves mis à la navigation par la hanse parisienne, et essaya de temps en temps de secouer le joug onéreux imposé par cette hanse au commerce fluvial. La Bourgogne d’une part et la Normandie de l’autre réclamèrent contre le prétendu privilège de la hanse, mais ce fut en vain.

La ville d’Auxerre voulut user de représailles en empêchant les marchands parisiens de mettre à terre, dans cette ville, les cargaisons de sel qu’envoyoit la Normandie ; mais la hanse parisienne invoqua le secours du Roi, et le comte d’Auxerre, forcé d’obéir à son suzerain , reconnut, par un acte dressé en l’an 1200, qu’il avoit eu tort de mettre obstacle au commerce des Parisiens dans sa ville, et promit de ne plus les molester[2]. Le Roi instruisit presque solennellement la bourgeoisie de ce succès, qui assuroit leur privilège[3]. On fit ensuite une légère concession aux Bourguignons, en leur permettant de commercer sans compagnie françoise au-dessus de Villeneuve-Saint-Georges et au-dessous du Pec dans la Seine, et au-dessus de Gournay dans la Marne ; d’acheter même des denrées à Argenteuil et à Cormeilles pour les expédier sur la basse Seine ; mais la navigation sur la rivière entre Villeneuve-Saint-Georges et le Pec leur resta interdite[4] : c’étoit les

  1. Charte de Philippe-Auguste de l’an 1187, homologuant l’accord fait entre les marchands de l’eau et Gathon de Poissi, au sujet du péage de Maisons-sur-Seine ; tom. I de Félibien et Lobineau, Histoire de Paris.
  2. « Postquam vero cognovi excessum meum, permisi et concessi burgensibus Paris., ut in perpetuum exonèrent salem suum apud Autisiodorum. » Charte du comte d’Auxerre, aux Archives du Royaume.
  3. Ratification de la charte précédente par Philippe-Auguste, ibid.. et dans le tom. I de Félibien, Histoire de Paris.
  4. « Mercatores de terra nostra et Burgundiones, qui vadunt in Ysaram, poterunt facere mercaturam sine participatione mercatorum Paris., apud Villam novam Sancti Georgii et ultra, apud Gournacum et ultra, et a rivo de Aupech inferius. Apud Argentolium etiam et Cormelles poterunt emere, et dncere per terram sub predicto rivo de Aupech, et ibi mittere in aqua. Intra metas predictas non poterunt facere mercaturam sine participatione mercatorum Paris., nisi mercatura fiat cum mercatore autem hansato, et manente Parisius. » Charte confirmative de Philippe-Auguste de l’an 1204. Ibid.