Page:Régnier - Œuvres complètes, éd. Viollet le Duc, 1853.djvu/109

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SATYRE IV.


Comme ces courtisans qui s’en faisant accroire , N’ont point d’autre vertu sinon de dire , voire®. Or laissons doncq’ la muse , Apollon , et ses vers , Laissons le luth , la lyre , et ces outils divers , Dont Apollon nous flatte : ingratte frénésie ! Puis que pauvre et quaymande ^ on voit la poésie , Où j’ai par tant de nuicts mon travail occupé. Mais quoy ? je te pardonne, et si tu m’as trompé , La honte en soit au siècle , où ^dvant d’âge en âge Mon exemple rendra quelqu’autre esprit plus sage. Mais pour moy, mon amy, je suis fort mal payé , D’avoir suivy cet art. Si j’eusse estudié^, Jeune , laborieux sur un banc à l’escole , Galien , Hipocrate , ou Jason , ou Bartole , Une cornette au coP debout dans un parquet, A tort et à travers je vendrois mon caquet ^^ : Ou bien tastant le poulx , le ventre et la poitrine , J’aurois un beau teston ** pour juger d’une urine ; ^ Voire y vraiment. Expression d’approbation, d’admiration.

’ Quaymande,,»’] Édition de 1608, quémande» On écrit catmande, de caimander, formé du latin mendicare , par transposition de lettres : mendier,

® Si f eusse estudié,] Hémistiche de Villon. ^ On a appelé cornette le chaperon que les docteurs et les avocats portoient autrefois sur leur tête ; dans la suite on le mit autour du cou , comme le dit notre auteur, et maintenant on le porte sur l’épaule. Ce mot de cornette lui est venu de ce que ses extrémités formoient deux petites cornes.

  • ® Je vendrois mon caquet,]

Hic clamosi rabiosa fori

Jurgia vendens. Senec.

  • ^ Teston , ancienne monnoie de France qu’on a commencé

à fabriquer sous le règne de Louis XII , et qui fut abolie en 1676 , par Henri III. Elle valoit environ quinze sous, et étoit