Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/143

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Je vais pouvoir prononcer le nom d’Azyiadé, lui dire mon admiration, mais le silence est retombé et je l’entends me demander si je compte séjourner longtemps à Constantinople. Ah ! Constantinople n’est plus celui d’autrefois ! Il secoue la cendre de sa cigarette, comme si c’était la cendre même du passé. Il m’a oublié, il rêve. Mes regards vont, de la vitrine aux décorations, au moulage de la stèle turque et reviennent au visage silencieux, lointain et fardé qui songe devant moi, à ce visage que colore une fausse jeunesse momifiée. L’entrée d’un grand gaillard, vêtu d’une souquenille de velours rouge galonnée d’or, dénoue la situation qui devenait embarrassante. C’est le serviteur turc de Loti qui lui apporte une lettre sur un plateau. Si elle lui annonce quelque autre visiteur, je plains le pauvre Loti qui me semble n’avoir guère de goût pour les réceptions, à en juger par celle qu’il m’a faite, et en quittant le Vautour, j’ai l’impression de l’avoir bien ennuyé et que je ne le reverrai jamais.




Nous sommes allés déjà plusieurs fois au Bezestin et nous avons erré dans le labyrinthe de cet immense bazar où se coupent, s’entre-