Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/207

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la plate-forme circulaire d’un minaret au sommet duquel elle forme l’anneau d’une sorte de balcon. En bas, s’étend une grande cour carrée. Au milieu de la cour, un bassin. Aux angles, des cyprès. Au fond, un bâtiment dont la façade est jaune. De chaque côté de ce bâtiment s’étagent des toits à terrasses. Sur une de ces terrasses il y a quelqu’un de couché. Ce dormeur ou cette dormeuse est enroulé dans une étoffe rose. Soudain, paraît sur la terrasse un vieillard à longue barbe blanche qui s’approche du corps étendu et ensommeillé et, avec des gestes attentifs, inclinant sur lui son turban, le recouvre d’une couverture brune. Puis le vieillard à barbe blanche reste là un instant, regarde le ciel qu’empourpre maintenant l’aurore, et disparaît.

C’est à ce moment que le muezzin a chanté. Je le vois penché sur la galerie du minaret ; il est à mon niveau et je ne perds aucune des inflexions de sa voix nasillarde. C’est un homme jeune encore, très long et très maigre. Quand il a terminé sa psalmodie, il s’éclipse comme une marionnette, mais son appel à la prière a été sans doute entendu du grand bâtiment jaune qui est en bas, car d’une porte qui s’ouvre sortent des gens. À la file, ils traversent la cour et vont s’accroupir autour du bassin. Ils portent de longues robes à larges