Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/210

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La cuisine est détestable au Damascus-Palace : elle y est faite au beurre de chèvre qui rend les aliments nauséabonds. Aussi nous nourrissons-nous presque exclusivement de grosses pêches échaudées dans de l’eau bouillante !




Il y a de tout dans le grand bazar de Damas. Chaque commerce y a son souk et ses boutiques. Elles bordent des galeries couvertes où circule une foule incessante qui se croise, s’arrête, s’écoule en un flot continu, une foule plus asiatique qu’européenne où dominent les longues robes syriennes de couleurs variées, de soie unie ou bariolée. Les femmes ont le visage couvert d’un voile de mousseline noire sur laquelle sont brodées des fleurs. Les fez se mêlent aux turbans. Parfois passe un cavalier devant lequel on s’écarte, ou s’avance, précédée d’un âne qui les guide, une file de chameaux velus sous leur charge de couffins. Des chameliers bédouins les mènent. Ils ont fière mine biblique dans le burnous de poil où ils se drapent. Ils sont enturbanés de laine et un tortil de corde leur ceint le front. Tout ce monde marchande, soupèse, achète, trafique, parle. Les changeurs éprouvent les