Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/211

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pièces en les frappant d’un petit marteau. On se presse devant l’étalage des marchands de fruits séchés et de pâtisseries. Les abricots confits luisent comme de l’or. Plus loin les parfumeurs débitent leurs essences et les dinandiers leurs plateaux et leurs tasses de cuivre. Ici, on essaie des babouches, là on déroule des tapis, on aune des étoffes. Cela sent le cuir, la poussière, le suint, le sucre brûlé, l’essence de roses, la fiente de chameaux. Ailleurs s’offrent des faïences, des armes, des souvenirs de l’ancienne Damas l’armurière.

En errant de souk en souk, nous sommes arrivés à une sorte de friperie où s’entassent les objets les plus hétéroclites, hardes, nippes, meubles démantibulés, ustensiles hors d’usage, loques, vieux galons que des acheteurs dépenaillés examinent avec méfiance. L’un d’eux tient sur son poing une sorte de bonnet conique tout imbriqué de piécettes de cuivre. Ce même bonnet je l’ai vu, dans un tableau de Rembrandt, coiffant un de ces personnages orientaux que le maître d’Amsterdam vêtait de défroques pittoresques, venues d’outre-mer chez les marchands des ghettos de Hollande.