Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/27

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Hautaine, tendre, harmonieuse et divine Grèce, on te regarde en silence quand tu passes, on te regarde avec un muet amour respectueux ! Rome, virile et robuste, je serrerais ta main vigoureuse, toi qui crus aux dures fictions de la patrie et du droit, mais il me semble que je baiserais tes lèvres douloureuses et chaudes, ô douce et nerveuse Chrétienté, svelte et souffrante, et qui passes portant une palme en tes mains blessées !

Il y en a encore bien des pages dans mon carnet et que je pourrais déchiffrer et qui continueraient avec maints écarts mon itinéraire vers la mer. Elles me mèneraient vers Nîmes où coule, sous des ombrages de bois sacré, la plus mystérieuse et la plus pure des fontaines. Ses eaux ont frémi aux bains des Naïades, et les Nymphes y ont bu dans leurs mains jointes. En leur miroir nocturne s’est reflété le visage de Diane. À Aix, m’accueilleraient d’autres fontaines que nourrissent d’une onde souterraine des sources intarissables. Elles ornent de leurs pyramides et de leurs dauphins, elles parent de leurs allégories des places silencieuses qu’environnent de nobles rues bordées de façades où des atlantes