Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/26

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marbre admirable, moite et lisse, presque pieux, un marbre virgilien aux transparences d’albâtre. Il y semble poindre dans la dure matière comme une aube d’outre-vie, paganisme lucide de christianisme. Ce marbre atteste des résurrections.

Il y a aussi des tombeaux, tout le long des Alyscamps, mais ils ne sont pas de cette chair marmoréenne et intacte. Les mousses les disjoignent et les piquent comme d’une pourriture végétale, mais ils ont une douceur à être vides et frustes, et leurs fissures laissent rêver aux issues mystérieuses de la mort.




Arles. Dans les vieilles arènes d’Arles et de Nîmes, sous leur arcature robuste, le long des couloirs circulaires à plafond de pierre, rôde encore la Louve romaine. Écroulées et superbes, cuites de soleils et d’incendies, cariées et rocheuses, elles furent de formidables instruments de joie, et maintenant encore, quand elles s’emplissent pour les combats de taureaux, on doit entendre au loin la grosse rumeur de la foule, comme si grondait, à travers les siècles, un écho de la voix de bronze de la vieille Rome.