Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/86

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l’Ordre sur un élégant pourpoint traversé d’un baudrier où est attachée une fine épée et qui est orné de rubans couleur de feu. Sa cravate et ses manchettes sont de dentelle et sa main négligente offre un biscuit à un épagneul qui lève la tête vers son jeune maître, car mon Chevalier est jeune, comme l’atteste sa jolie figure. Il porte les cheveux au naturel selon la mode du temps de Louis XIII. À ses oreilles pendent deux perles longues. Il a fort bon air. On voit qu’il fut bien fier de se faire peindre, lui, sa croix blanche aux pointes aiguës et son épagneul favori, en attendant l’heure de partir pour Malte et d’aller faire ses caravanes sur les galères de la religion.




De la rade, où nous sommes ancrés non loin de l’escadre anglaise, nous sommes allés à La Valette qui domine la rade de ses bastions et qui a conservé sa figure militaire du temps des Chevaliers. Les Anglais ont beau occuper Malte, en avoir fait un point stratégique important pour leur flotte, une forteresse marine bien pourvue de canons et d’arsenaux, le vieil ordre militaire et hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem règne toujours sur Malte et y impose son souvenir. La Cité des Chevaliers