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Page:Régnier - Figures et Caractères, 1901.djvu/312

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312 FIGURES ET CARACTÈRES



À dire vrai, et pris en leur ensemble, ce furent d’honnêtes et probes artistes que ces Parnassiens. Ils eurent dans l'esprit de la sagesse, de la fermeté et de l’ordre. Au Romantisme d'inspiration, ils firent succéder un Romantisme de raison. Ils raffermirent, ordonnèrent et assagirent. Ils acceptèrent des données et des moyens poétiques antérieurs et y ajoutèrent peu, se contentant d’en user avec discernement, propriété et science. Grâce à eux, par eux et en eux, le Romantisme évita le déclin des écoles vieillies et énervées. Ce furent de bons fils, car le Parnasse fut plus filial que paternel. Il n’engendre pas, il est la fin de quelque chose, mais il est quelque chose.

On le vit bien de 1875 à 1885, à une période fâcheuse pour la poésie. En 1875, l’œuvre Parnassienne est achevée. Leconte de Lisle vieilli ne publie plus guère. Sully-Prudhomme s'égare. François Coppée se vulgarise. M. Armand Silvestre répète inlassablement la même chanson sonore et vide. M. Catulle Mendès seul se multiplie. Il est l'Hermès du Parnasse. Il a les talonnières et le pétase. Il va, vient, avec verve, adresse et talent. Il est actif et avisé. José Maria de Heredia, lentement et paresseusement, cisèle les sonnets des Trophées qui ne paraitront que plus tard. Il semble que, par instinct, il