Page:Régnier - L'abbaye d'Évolayne, 1951.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
95
l’abbaye d’évolayne

charité aux fidèles qui les assistaient, ils ne se chargeassent de tous leurs vœux, de toutes leurs douleurs. Elle ressentit une certaine douceur en pensant que, sans la connaître, ils priaient pour elle comme elle avait prié pour eux. Elle leva la tête et les regarda.

Ils se tenaient debout au bas de l’autel, dans la plénitude de leur dignité nouvelle. Les paroles consacrantes avaient passé sur eux, les marquant d’un signe indélébile qui, sur la terre, au ciel, dans l’enfer même, s’ils y tombaient, indiqueraient à tous, éternellement, qu’ils étaient prêtres. Ils avaient reçu les vêtements sacerdotaux : l’étole, la chasuble Ils avaient, de leurs mains jointes et liées, touché le calice, la patène, l’hostie. Ils possédaient le pouvoir d’offrir à Dieu le Saint-Sacrifice. Maintenant ils célébraient en quelque sorte leur véritable première messe, récitaient avec l’évêque les prières liturgiques. Et s’ils avaient tremblé devant la grandeur de leur future tâche, ils pouvaient à présent se rassurer, car l’appel de Jésus-Christ tout à l’heure sévère se faisait infiniment tendre. Le prélat, les ayant communiés, entonnait du côté de l’épître le chant de l’amitié :

Je ne vous appellerai plus mes serviteurs, mais mes amis, parce que vous savez maintenant tout ce que j’ai fait en venant parmi les hommes. Recevez en vous l’esprit consolateur, c’est lui que mon Père va vous envoyer, mais surtout vous serez de fait mes amis si vous êtes fidèles à toujours m’obéir.

De nouveau, Adélaïde se retourna vers son mari. Il n’avait point perdu comme elle la moitié de la cérémonie, et tandis qu’il en suivait attentivement