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Page:Régnier - L'abbaye d'Évolayne, 1951.djvu/122

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l’abbaye d’évolayne

s’était ouverte tout entière pour lui, se refermait maintenant. Délaissée, Adélaïde offrait à Dieu son cœur désert.

Elle habitait boulevard des Invalides. La chapelle des bénédictines de la rue Monsieur devint pour elle ce qu’était, à Évolayne, l’abbaye : le centre de ses habitudes religieuses. Chaque matin elle y assistait à la messe, y retournait l’après-midi pour les vêpres. Elle se plaçait tout contre la grille et une communication fraternelle s’établissait entre elle et les religieuses qu’elle ne connaissait pas. Elle écoutait avec émotion ces voix immatérielles et ce long frémissement de forêt où passe le vent lorsque ces formes cachées s’agenouillaient, se relevaient toutes ensemble. Ce lieu était beau où l’époux invisible s’offrait à l’adoration d’invisibles épouses. Elle y éprouvait le sentiment d’une présence manifeste, alors que les rues où fourmillaient tant d’êtres emportés par une sorte de ronde mécanique lui donnaient une impression de vide, d’agitation stérile.

Elle oublia sa propre existence pour suivre celle dont l’Année liturgique lui présentait jour après jour les épisodes.

Elle vit naître dans une crèche le Tout-Puissant caché sous l’humilité de l’enfance et de la pauvreté. Elle l’adora avec les bergers et les mages. L’admirable vie se déroula devant cette convertie parmi l’éclat des miracles et la douceur des paraboles. Elle rejoignit au fond des âges, sur les routes de Palestine, Celui dont la parole n’était que vérité, lumière, pardon. Elle se mêla aux malades qui attendaient de lui la guérison. Elle fut semblable à ces apôtres qui, à l’appel de l’Agneau de