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Page:Régnier - L'abbaye d'Évolayne, 1951.djvu/169

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l’abbaye d’évolayne

ment où sa liberté lui fut rendue. Trop faible pour prendre aucune décision, elle vint tout naturellement, en rentrant à Paris, demander asile et secours à son frère, son seul parent.

Matérialiste convaincu, Maurice Verdon s’était violemment élevé contre ce qu’il appelait « la folie morbide et mystique » de son beau-frère et de sa sœur. Si peu qu’il les comprît, il les aimait pourtant. Il admirait la réussite parfaite qu’était leur amour. Le subit renoncement de ces deux êtres beaux et jeunes lui parut un sacrilège, un attentat contre la vie qui les avait magnifiquement comblés. Il combattit avec emportement leur résolution, car indulgent et conciliant d’ordinaire, il devenait, en matière religieuse, d’une intolérance farouche. N’ayant rien obtenu, il bannit de son cœur ces deux insensés, s’efforça de les oublier. Et jamais il ne répondit aux lettres qui lui parvinrent d’Évolayne ou d’Hermancourt.

Ses sentiments fraternels reprirent une force soudaine, lorsqu’il apprit qu’après sept ans sa sœur quittait le cloître. Par ce seul fait, elle lui donnait raison, effaçait ses griefs. Il fut assez généreux pour ne rien reprocher à cette femme épuisée, désemparée, malade, qui avouait s’être trompée sur sa vocation et qui payait de sa santé, de son bonheur, sa longue erreur. Médecin, il la vit menacée de tuberculose et ne songea qu’à la soigner. Il l’installa chez lui du mieux qu’il put, l’obligea au repos, la suralimenta. Renonçant à ses habitudes irrégulières de célibataire, il revint à heure fixe prendre ses repas auprès d’elle afin de ne point trop la laisser seule. Il fut pour