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Page:Régnier - L'abbaye d'Évolayne, 1951.djvu/190

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l’abbaye d’évolayne

qu’avait dû éprouver son compagnon en retrouvant une étrangère au lieu de l’ami perdu qu’il appelait :

— Mais vous cherchiez quelqu’un ? dit-elle. À sa grande surprise, il affirma :

— Oui, vous. Tout l’hôtel est inquiet. Au dîner votre table ne fut pas occupée. Le portier pensait que vous étiez allée au sommet des Voyrons, car vous l’aviez interrogé hier sur la longueur de la route. La nuit venue, nous avons craint quelque accident. Tous les hommes sont partis dans des directions différentes avec des lanternes et j’ai eu le grand bonheur de vous retrouver.

Elle dit, touchée de tant de sollicitude :

— Comme vous êtes tous bons et aimables. Dans le hall de l’hôtel les pensionnaires l’attendaient. Elle eut l’impression de retrouver une grande famille là où elle n’avait laissé que des étrangers. Cet incident la lia d’un seul coup avec ses compagnons de villégiature.

— Je suis trop connue, songeait-elle, il va falloir que je m’en aille.

Elle resta cependant. La sympathie qu’on lui témoignait lui était douce. Elle ne passait plus parmi les vivants ainsi qu’une ombre que nul ne semblait remarquer. Les visages s’éclairaient à sa vue, des mains se tendaient vers la sienne. Elle pouvait échanger chaque jour quelques mots, quelques idées avec des créatures humaines et ces entretiens, bien que superficiels, allégeaient un peu sa tristesse. Entre tous ses nouveaux amis, le plus assidu était Bernard Vallin et les droits qu’il avait à sa reconnaissance prêtaient à leurs rela-