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l’abbaye d’évolayne

pouillés, fût-ce à leur dernier jour, à ta miséricorde.

« Tu sais bien que c’est Toi qu’ils appellent, sans le savoir, ces amants trompés, lorsqu’ils crient vers la frêle idole de chair, pur néant.

« Tu sais bien que leur faute est moins grande que ce vide où ils sont, cette absence, ce désert limité et cerné de mirages.

« Mais Tu les attends à toutes les issues du monde. Patient, parce que éternel, Tu leur tends les bras. L’heure dure encore où Tu épousas leur misère avec toutes les autres, quand Tu vins mourir sur la terre, comme eux seul, comme eux méconnu dans l’universelle défection.

« À ce cœur égaré pour lequel nous te demandons grâce, laisse adhérer le cœur humain que Tu portas, déchiré par la même lance. Répare sa douleur en te rappelant la tienne, car il y a cela de commun entre Toi et ta créature : l’amour trahi. »