Page:Régnier - L'abbaye d'Évolayne, 1951.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
21
l’abbaye d’évolayne

ces moines dont j’admire la foi sans la partager, je m’unissais à leur prière. Il n’y a point là de fausseté.

— Assurément, murmura Michel après un instant d’hésitation.

Elle fut satisfaite d’avoir expliqué ainsi leur commune attitude. Elle se réjouit une fois de plus de leur parfait accord, à l’heure où ils commençaient d’être si profondément divisés. Elle avait repris aux côtés de Michel la place qu’elle aimait. La tête appuyée à son épaule, la taille entourée de son bras, elle se laissait porter par le rythme de sa marche. Elle s’abandonnait, engourdie, heureuse. Elle n’avait plus d’autre vie que la sienne. Il lui semblait qu’elle venait d’être, nouvelle Ève, tirée du flanc de cet homme. Elle était toute pareille à lui : son double, son image, et elle n’imaginait pas qu’il pût avoir un seul rêve, une seule aspiration qui ne fût point en elle.