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l’abbaye d’évolayne

heureux l’un par l’autre, étant en plein accord.

Là elle se heurta à un nouvel obstacle, à la cause réelle du mal. L’intimité dont elle souhaitait si passionnément le retour ne pouvait renaître entre elle et son mari, qu’à la condition qu’ils s’entendissent sur la chose essentielle. Leurs cœurs ne se rapprocheraient pas, du moment qu’elle ne voyait qu’un mensonge dans ce qui était pour Michel la vérité suprême. Et voici que cette barrière entre eux cessa de lui paraître insurmontable. Était-elle vraiment une athée ? Non. Elle avait haï les principes étroits, les dévotions mesquines de sa belle-mère, mais la religion d’un Claudel lui inspirait une admiration profonde qui pouvait se changer en adhésion : Elle se rappela une phrase de La Messe là-bas :

De quoi est-ce que le catéchisme nous parle et de quoi sont faites nos prières ?

Un père de qui sont complètement ses fils, des enfants qui sont complètement à leur père.

Des frères sous le même toit ensemble, une mère admirable et charmante…

Elle souriait, séduite. Elle avait en ce moment un cœur d’enfant glacé par l’abandon et que la parole du poète réchauffait, lui proposant une famille, une mère admirable et charmante… Avec une extrême attention, elle se mit à repasser le Credo :

Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre.

À ce premier article, elle n’opposa nulle dénégation. Elle avait toujours pensé qu’il exis-