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l’abbaye d’évolayne

— Ce que vous ne semblez pas comprendre, dit-il, la tenant sous son pénétrant regard, c’est que votre conversion comporte, si elle est sincère, des obligations impérieuses et, entre autres, une soumission absolue à l’autorité de l’Église, à la vérité révélée. Vous n’êtes pas libre d’accepter ceci, de rejeter cela au gré de vos inclinations ou de vos répugnances. Vous devez tout prendre ou tout rejeter en bloc. À vrai dire certains textes de l’Écriture peuvent être compris différemment, mais les paroles du Christ sur l’enfer sont nombreuses et formelles.

— Je n’y vois, moi, que des images…

— Vous voilà tombée dans l’interprétation personnelle et le protestantisme. L’Église s’est d’ailleurs prononcée en rangeant au nombre de ses dogmes l’enfer. Encore une fois, pour le catholique, nulle liberté ici n’est permise. Si vous ne croyez pas à l’enfer, vous devez vous en accuser en confession ; vous prenez place au rang des hérétiques et aucun prêtre ne vous accordera l’absolution.

— C’est bien, dit-elle en saluant le moine, je réfléchirai.

Elle n’était pas loin de le prendre pour un fou et chercha aussitôt son mari afin de lui faire partager son indignation.

— Mais il retarde de cinq cents ans, votre père Athanase, s’écria-t-elle. C’est l’homme le plus dur ou le plus borné qui soit au monde.

Elle exposa leur conflit, persuadé que Michel lui donnerait raison. Il l’écouta, sans manifester la moindre surprise et, quand elle rapporta les dernières paroles du moine, il approuva :