ries le conduisait à la porte du collège et venait l’y attendre pour la sortie. La bonne Mme Bruvannes ne cessait, d’ailleurs, d’intervenir dans la vie scolaire de son neveu. On ne voyait qu’elle chez le Directeur, chez le Censeur, chez le Préfet des études. Elle était là pour aplanir toutes les difficultés. C’étaient sans cesse des demandes de congés, de faveurs, de dispenses. Elle venait l’excuser auprès de ses maîtres pour un devoir non fait ou pour une leçon non sue. Elle lui évitait les pensums et les retenues qu’il eût mérités. Elle veillait à ce qu’il occupât en classe telle place à l’abri des courants d’air. On eût certainement envoyé promener toute mère d’élève qui se fût permis de se mêler ainsi de ce qui ne la regardait pas, mais, faut-il le dire, Mme Bruvannes était riche ; elle était généreuse. Elle donnait abondamment aux quêtes ; elle offrait des vitraux à la chapelle et des ornements à la sacristie. À Saint-Hippolyte, on était fier de Mme Bruvannes et de sa fortune.
D’autre part, Antoine, s’il était mauvais élève, n’était pas mauvais garçon. Malgré la situation exceptionnelle qu’il occupait et les passe-droits dont il jouissait, ses camarades l’aimaient beaucoup. Ses maîtres reconnaissaient également ses bonnes qualités, tout en déplorant que son travail et son application ne fussent pas à la hauteur de son heureux naturel. Bourré de répétitions, surveillé à la maison par un précepteur particulier, Antoine n’apprenait rien. En revanche, il était au courant de tout. À quinze ans, il lisait les journaux, fréquen-