tait les champs de courses, allait voir toutes les pièces en vogue, était un fervent du café-concert. Mme Bruvannes le laissait faire, déclarant que ces divertissements étaient, en somme, innocents.
À Saint-Hippolyte, où nous étions tous assez négligés dans notre tenue, Antoine s’habillait avec recherche et avec chic. L’intérieur de son pupitre, à l’étude, faisait notre admiration. Il renfermait un vaporisateur, des lorgnettes de théâtre et de courses, une collection de cartes de pesage et un paquet de photographies d’actrices. On y trouvait de plus un revolver et une liasse d’obligations de chemins de fer. Personne n’ignorait, à Saint-Hippolyte, ces infractions à la règle, mais le pupitre d’Antoine Hurtin était sacré. Aucun surveillant ne se fût hasardé à y mettre le nez.
Je ne puis jamais penser sans rire à Antoine Hurtin collégien, et pourtant c’est cette éducation absurde qui a fait de lui ce qu’il est. Sans la faiblesse de sa tante et les complaisances de ses maîtres, Antoine ne serait pas devenu le viveur bruyant et inutile dont l’impunité et le manque de direction ont laissé se développer les instincts fâcheux. Quand on voulut réagir, il était trop tard. Ce fut en vain que M. Lechaume, le directeur de Saint-Hippolyte, avertit Mme Bruvannes que les amusements de courses et de théâtre auxquels se plaisait son neveu étaient moins innocents qu’elle le croyait. Antoine, dès sa rhétorique, avait fait la connaissance d’une petite actrice du Palais-Royal, Mlle Largé, qui venait l’attendre à la sortie du col-