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Page:Régnier - L’Amphisbène, 1912.djvu/330

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battu plus vite, mon sang a coulé plus ardent dans mes veines, ma vie a trouvé son but. Cependant nous avions quitté le café et Yves de Kérambel m’a reconduit sur le port. Comme nous arrivions en vue de la rade il m’a dit :

— Hein, mon vieux, est-ce beau tout cela ? Ce soleil, cette lumière, et dire que sans la bonne tante Guillidic, je n’aurais sans doute jamais connu ce pays ! Et quel pays, car, tu sais, il y a ici des femmes épatantes, et de toutes les couleurs : des Espagnoles, des Maltaises, des négresses, des bédouines, je ne te dis que ça ! Elles valent le voyage. Tiens, si tu veux, je te ferai faire la connaissance d’une petite Kabyle que m’a procurée le chaouch de l’hôtel, un nommé Hassan. Tu verras si je mens. Non, cela ne te dit rien ? Eh bien ! tu ne me refuseras pas de venir avec moi passer une journée dans le domaine de la tante Guillidic. C’est convenu, n’est-ce pas ! Ah ? c’est ça ton bateau, il est rudement bien ! Bigre !…

Nous étions sur le quai. Yves de Kérambel désignait du geste l’Amphisbène ancré dans la rade et dont l’élégante silhouette se détachait sur la pureté bleue du ciel.


Alger, 2 juillet. — Yves de Kérambel a dîné, ce soir, à bord de l’Amphisbène. Pourquoi ai-je accepté de faire avec lui cette excursion au domaine de la tante Guillidic ? Cette visite ne m’amuse guère