et j’associais le jeune Bouvry à mes expéditions lambardesques. Nous remplissions la vieille bicoque du tumulte de nos jeux et de nos rires. Ensuite, nous descendions au jardin, à moins que nous n’allassions dans le bois de chênes verts. Ce qui était défendu, par exemple, c’était de s’aventurer dans les marais salants.
Pendant des années, j’allai ainsi plusieurs fois par semaine à la Lambarde, mais je grandissais et mes curiosités demandaient d’autres aliments. Je commençais à m’ennuyer avec le jeune Bouvry. À cette époque, ma mère, pour m’occuper, me faisait faire de longues excursions dans le pays. Elle avait acheté une petite voiture et un petit cheval qu’elle conduisait elle-même, et nous allions ainsi au Croisic, à la Turballe, à Piriac, à Sainte-Marguerite ou à Saint-Mars. Quelquefois, même, nous poussions jusqu’à Saint-Nazaire. La vue des grands paquebots du port exerçait sur moi une véritable fascination. Que de stations interminables j’ai fait faire à ma pauvre maman sur les quais du bassin ! Mon père ne nous accompagnait guère dans ces promenades. Il était souvent malade et sa santé déclinait. Ma mère ne me faisait point part de ses inquiétudes, mais combien de fois ne fus-je pas frappé de son air anxieux. Avec quelle hâte elle pressait le trot du petit cheval, pour être plus tôt de retour à la maison !
Nous trouvions d’ordinaire mon père au salon, quelque livre sur les genoux ou quelque journal qu’il ne lisait pas. Parfois, quand nous revenions,