22 janvier. — Pompeo Neroli habite, rue Princesse, une vieille maison qui ne manque pas de pittoresque. Le rez-de-chaussée de cet antique logis est occupé par un marchand de couleurs, et, dans la cour, séjournent des cuves remplies de teintures diverses, à côté de tonneaux éventrés d’où s’échappent des terres multicolores. Les piliers du vestibule servent au marchand de carte d’échantillons et sont badigeonnés de ses différents produits. La maison a tout à fait l’air du logis d’Arlequin.
C’est au quatrième étage que sont situées les deux petites pièces où Pompeo Neroli a son atelier et son magasin. Elles sont encombrées de volumes débrochés. Des peaux et des papiers s’y accumulent. Neroli, en blouse grise, debout devant sa grande table, semble à l’aise parmi ce désordre.
C’est dans une attitude et un costume analogues que j’ai fait sa connaissance, à Sienne. Seulement, à Sienne, sa boutique était au rez-de-chaussée et donnait sur une étroite rue en escalier, derrière le Dôme. À la devanture étaient placés quelques-uns de ces volumes reliés en parchemin, pareils au cahier que Neroli m’a donné, et sur lequel j’écris. Ces reliures attirèrent mon attention, et, comme il commençait à pleuvoir, j’entrai dans la boutique. Pendant que j’expliquais tant bien que mal ce que je désirais, la pluie avait redoublé. Il me semble encore entendre le bruit qu’elle faisait. Une averse épouvantable s’abattait sur Sienne. La rue s’était