n’en est nullement gêné. Il semble content de son claque, dont il exhibe complaisamment la forme extravagamment démodée. Sa cravate blanche n’est pas moins inouïe. Elle est grise et on la dirait faite en toiles d’araignées. Soudain, son œil s’anime. Germaine Tullier vient lui présenter un jeune homme maigre avec une énorme pomme d’Adam, sans doute quelque admirateur.
Je les laisse ensemble et je vais faire un tour dans les salons. Décidément, je m’ennuie. J’ai serré quelques mains, des mains de gens à qui l’on n’a rien à dire. J’ai envie de m’en aller, mais je voudrais tout de même assister aux danses des gitanes. Je rentre donc dans le hall où le théâtre est dressé. Justement, dans un angle, j’aperçois quelques chaises inoccupées. Je serais très bien là pour voir les danseuses. En attendant, je regarde les femmes qui remplissent la vaste salle. La plupart sont sans intérêt, mais il y a, çà et là, quelques jolis visages et quelques belles épaules. L’aspect de cette assemblée est, dans son ensemble, riche et gai. La lumière fait chatoyer les étoffes, étinceler les pierreries et les paillons. Le docteur doit être content. Il aime ces soirées d’apparat, bien qu’il s’en défende et prétende qu’il ne les organise que pour amuser Germaine. Du reste, il est maître de maison excellent et place lui-même les arrivantes. Celle qu’il fait asseoir devant moi est fort jolie. Tant mieux.
Elle est plus que jolie, même, cette nouvelle venue. Elle est belle, très élégante, très singulière. Grande, de noble structure et de lignes harmo-