Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/103

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paraissait s’offusquer, ce devait être un personnage important, et la pensée qu’il m’allait peut-être aborder me remplissait de confusion. J’avais gagné à reculons la place où je me tenais auparavant et j’aurais voulu pouvoir rentrer dans la muraille, mais, hélas, elle n’appartenait point aux humbles mortels. Elle était le séjour peint des Reines et des Héros. Seul notre divin Tiepolo eût pu y ajouter une figure et ce n’eût pas été celle d’un pauvre harangueur comme moi. Il me fallait donc affronter l’approche du gros homme qui visiblement s’avançait pour me parler. Quand je fus à sa portée, il me saisit brusquement au collet et me secoua avec force, tandis qu’il m’interpellait d’une voix tonnante, en se tournant à demi vers le cercle qui s’était formé autour de nous :

— Tenez, regardez-moi ce grand sot, croyez-vous qu’il sache seulement l’insigne faveur que les Dieux lui ont faite ! Eh bien,