Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/139

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cellence de mon jeu, afin de ménager l’éclatante surprise que je ne pouvais pas manquer de produire. Jusque-là, je devais donc m’exercer avec mes mannequins habituels, sous la direction de Sa Seigneurie.

Je ne vous rapporterai pas avec quelle ardeur, avec quel feu, je me livrai à l’étude du rôle qui m’était confié. J’y donnais toute ma voix et j’y appliquais toutes mes forces ; j’y employais tous mes moyens. Mes moindres inflexions, mes moindres gestes furent l’objet de l’étude la plus attentive. Je prétendais commander avec certitude à tous les mouvements de mon corps et à toutes les expressions de mon visage, afin d’atteindre au plus de dignité et au plus de tragique possible. Le seigneur Alvenigo suivait pas à pas tous mes progrès et voulait bien s’en déclarer content. Pour ma part, je l’étais extrêmement aussi du rôle qui m’incombait. Il ne m’en paraissait pas de plus noble et de