Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/14

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celui dont elle me devait recouvrir. La vie m’est à charge et j’acceptais de bon cœur que la mienne se terminât ainsi qu’en avaient disposé les lois. Mais puisque le ciel n’a pas voulu qu’il en fût ainsi, je ne reprendrai pas le cours d’une existence trop longue à mon gré et trop peu semblable à celle que j’eusse voulu vivre sans avoir relaté par écrit certaines circonstances assez singulières qui firent de moi ce que je suis au détriment de ce que j’aurais souhaité d’être. Le récit que j’entreprends pourra peut-être amuser quelques curieux et divertir quelques-uns de ces esprits forts qui veulent bien croire qu’un simple comédien est capable d’éprouver des sentiments au-dessus de sa condition et différents de ceux que lui imposent les rôles qu’il tient et dans lesquels on l’applaudit ou on le siffle. Aussi est-ce dans ce propos que je rédige ce mémoire, le quatrième jour d’octobre de l’an 1773, juste un mois après l’événement qui