Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/15

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faillit bien faire de Vicence, ma ville natale, le lieu de mon repos définitif, si la volonté de Dieu et la facétieuse clémence de notre Podestat n’en eussent décidé autrement.

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Mon père, Ottavio Bassi, cordonnier de son état, était, lors de ma naissance, un homme déjà sur l’âge, car il ne se maria pas de bonne heure, n’ayant point, comme il le disait plaisamment, trouvé tout de suite « chaussure à son pied ». Cette plaisanterie était, d’ailleurs, la seule que je lui eusse entendu faire, car il ne s’égayait pas volontiers. Il n’en eût pas fallu conclure que mon père fût mécontent ou malheureux, tout au contraire, mais il n’éprouvait pas le besoin de manifester au dehors son contentement ou son bonheur. Il les gardait pour lui seul et n’en faisait part à personne, pas même à ma mère qui en était pour-