Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/147

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tenant sur ses genoux son carlin favori dont elle n’avait pas consenti à se séparer. Cette bête me fit songer à mon pauvre père et à ma pauvre mère. Ah ! qu’ils eussent été heureux de voir leur fils en costume romain et d’assister à son triomphe !

Brusquement une main se posa sur mon épaule. C’était celle de Sa Seigneurie. Je la sentis qui tremblait, et ce fut d’une voix plus basse qu’un souffle que le seigneur Alvenigo me glissa à l’oreille :

— Allons, Tito, on commence… Et souviens-toi que tu portes César… et ma fortune.

Il voulut rire à cette plaisanterie, mais il était si troublé que les gouttes de sueur lui coulaient du front et faisaient de larges taches sur son jabot fripé. Je le considérai avec pitié. Pour ma part, je n’éprouvais plus aucune anxiété. L’âme même de César était en moi. J’avais cessé d’être moi-même pour devenir le personnage qu’il m’incombait de repré-