Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/183

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Toute cette affaire n’aurait été qu’un agréable passe-temps, si je n’eusse commis la sottise de me croire aimé pour de bon. À chaque fois que je revoyais mon inconnue, j’entrais davantage dans ce sentiment, tellement que l’idée que je devrais bientôt m’éloigner de Vérone me tourmentait cruellement. Nuit et jour, je rêvais aux moyens de remédier à mes destins errants et, chaque soir, je retrouvais, devant le Castel Vecchio, le valet avec sa lanterne. J’attendais cette heure avec impatience. Avec quelle hâte, à peine sorti de scène, je me dépouillais de mes oripeaux comiques pour courir à mon rendez-vous où j’arrivais les joues en feu et le cœur battant ! Quelle ne fut donc pas ma surprise quand, un beau soir, je m’aperçus que l’homme à la lanterne n’était pas à son poste. Persuadé qu’il ne pouvait tarder, je me mis à faire les cent pas, mais j’avais beau attendre, personne ne paraissait. L’impatience, l’inquiétude