Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/192

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la troupe nous fit excellent accueil. Le signore Capagnole trouva Pierina charmante et lui proposa de lui apprendre notre métier, mais je m’y opposai de toute ma force. Je ne voulais pas que Pierina montât sur le théâtre, de même que je lui fis jurer qu’elle ne chercherait jamais à me voir dans aucun de mes rôles. J’eusse souffert mille morts à la pensée que ma femme fût témoin de mes grimaces et assistât aux spectacles de mes bastonnades. D’ailleurs, Pierina n’insista pas. Pourvu qu’elle eût de jolies robes et passât son temps à se regarder au miroir, elle ne demandait rien de plus. Elle semblait heureuse et je l’étais aussi. Quant à ce goût de la parure qu’elle manifestait si naïvement, j’y voulais voir une preuve de son amour. C’était pour me plaire que Pierina s’efforçait de mettre en valeur les charmes qu’elle possédait. Étant la cause de ses coquetteries, j’eusse été mal venu à y reprendre quoi que ce fût.