Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/21

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lire, on lui prêtait des gazettes, des brochures et même des livres qu’elle dévorait avidement et qui contribuaient à l’entretenir dans un désordre de cervelle à quoi elle n’était que trop encline et dont elle m’a transmis sans doute le chimérique héritage.

Ces réflexions me ramènent aux différences de caractères qui séparaient mon père et ma mère et faisaient de leur union une bien curieuse singularité. Mon père donc, comme je l’ai dit, était l’homme le plus terre à terre. Nul mieux que lui ne suivait le précepte « cordonnier, pas au-dessus de la chaussure ». Ses préoccupations se bornaient exclusivement à son métier. Que ses cuirs fussent solides, que ses pointures fussent exactes, c’en était assez pour lui ! Ce qui ne se rapportait pas à ces questions ne l’intéressait nullement. De toutes les rumeurs de la terre, il n’estimait que le bruit que font, en la foulant, les semelles et les talons. Il