Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/31

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près, elle n’a pas moins belle mine. On ne la peut voir sans l’aimer, mais l’amour que l’on a pour elle ne va pas sans un sentiment de respect. N’est-elle pas la ville des Palais ? Le génie de son divin Palladio l’a ornée d’une magnifique parure de pierres. C’est lui qui a élevé les façades si noblement pompeuses qui donnent à notre Vicence sa glorieuse dignité et d’où descendent dans l’âme, par les yeux, des idées de grandeur et d’héroïsme.

Cela est si vrai que je ne crois pas trop dire en affirmant que ce fut la vue quotidienne de tant de merveilles qui contribua, en grande partie, à ce que je ne devinsse pas un galopin sans vergogne, à un âge où l’abandon et la liberté dans lesquels je vivais eussent pu faire de moi l’émule des pires vauriens. En effet, au lieu de prendre dans mon vagabondage le goût des mauvaises compagnies, j’acquis celui de la solitude qui m’empêcha de me mêler aux jeux bruyants et