Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/39

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hauts faits pouvaient-ils bien avoir accomplis pour jouir de pareils privilèges ? Sur ce sujet, l’imagination romanesque que je tenais de ma mère entrait en jeu. Sans qu’elle me confiât ses rêveries, j’en devinais quelques-unes par des bribes de conversation, car ma mère se laissait aller parfois à prendre mon père pour auditeur de ses chimères. Il ouvrait de grands yeux et ne comprenait goutte à ces divagations, mais mes jeunes oreilles y étaient attentives et elles n’en perdaient pas un mot. Je trouvais là comme un encouragement à mes propres rêveries et je m’y abandonnais plus librement. Aussi ne me lassais-je pas d’attribuer au Comte et à la Comtesse, et à moi-même, de merveilleuses aventures dont la moindre sans doute les aurait fort étonnés. Bref, je déraisonnais, mais ma déraison n’avait rien de méprisable et que je ne puisse avouer. Vous en saurez le principal, quand je vous aurai dit que je n’eusse point hésité à accomplir les