Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/40

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actions les plus difficiles pour avoir l’honneur d’être connu avantageusement du Comte et de la Comtesse. Pour arriver à ces fins, j’inventais des conjonctures propices. Je me voyais, par exemple, arrêtant les chevaux emportés de leur carrosse. On me relevait à demi écrasé par les roues, mais quel regard de majestueuse reconnaissance me valait cet exploit de la part de ces nobles personnages ! Avec quel courage j’aurais dispersé les brigands qui les eussent attaqués et avec quelle mine glorieuse fussé-je rentré à Vicence ! J’aurais voulu faire prisonniers le Grand Turc et le Grand Mogol pour les ramener, chargés de chaînes, au palais Vallarciero. Mais la sorte de fièvre où me jetaient ces fantasmagories durait peu et je retombais de mon haut en reconnaissant que je n’étais qu’un jeune garçon assis sur une borne et se laissant aller à de vaines songeries. Néanmoins, tout en constatant l’humilité de ma condition et la fai-