Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/87

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dont l’amer regret ne cessait de me poursuivre, depuis la nuit fatale où j’avais vu mon père et ma mère périr dans l’incendie du palais Vallarciero ? Et cette occasion ne se présenterait donc jamais de faire mes preuves de courage vis-à-vis de moi-même et, en les faisant, d’acquérir, aux yeux d’autrui, cette gloire dont j’étais si orgueilleusement et si naïvement avide ?

Mon désir en était si fort et si naïf que parfois je sortais de chez moi, bien persuadé que mon heure allait sonner et que je ne rentrerais pas sans avoir accompli la prouesse dont l’attente me consumait d’une sorte de fièvre généreuse. Je marchais, le cœur tout gonflé de souhaits intrépides. Je lançais à droite et à gauche des regards anxieux et déterminés, mais, par une malchance inexplicable, il survenait, ce jour-là, quelque petit événement médiocre et ridicule qui déconcertait mes nobles prévisions. Souvent, par