Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/106

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cherchant à ouvrir. Elle voulut profiter de l’instant et passer outre, mais elle se trouva face à face avec lui, brusquement retourné à demi. Il vit le visage pâle et beau, creusé d’insomnies et de douleur, les yeux en émoi, la bouche entr’ouverte, la main à la poitrine haletante. Alors il entra vite, laissant sur la porte refermée, au cœur de fer de la serrure, la clef.

Le lendemain, il songeait dans le petit cloître, quand on l’avertit qu’une femme voilée demandait à lui parler. Elle vint. Il reconnut Madame d’ Heurteleure, la fit asseoir sur un banc de pierre. Les colombes roucoulaient doucement sur les chapiteaux du cloître désert ; leur roucoulement se mêlait à la suffocation qui soulevait le sein de la pénitente, il couvrit son agenouillement d’un large signe de croix et, la tête basse, les mains dans ses manches, il écouta la dolente confession.

C’était une horrible et tragique histoire. Pourquoi la lui raconter ? mais son secret lui avait semblé mis à nu. Ce moine ouvrant d’une clef cette serrure en cœur lui parut forcer l’accès de sa conscience. Elle voyait dans cette rencontre un propos du sort et dans ce geste une allusion