Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/118

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s’augurait radieuse de ce clair matin. Le soleil tiède caressa les statues et attendrit leur marbre ; les bassins miroitèrent ; pas une feuille ne devait tomber, pas une rose se défleurir ; on n’avait laissé que les plus fortes et leur maturité vigoureuse garantissait leur durée.

A midi, je m’avançai à la grille pour recevoir Madame de Sérences. Elle descendit de sa voiture et je lui baisai la main. Je la remerciai de sa venue et lui rappelai sa promesse. Elle souriait doucement. Il y eut un moment de silence et elle me tendit les trois roses qu’elle portait selon sa coutume. Je les pris, et, l’ayant saluée, je m’éloignai d’elle et de la maison magnifique. Trois fois je me retournai en baisant chacune des trois fleurs et, à chaque fois, je la vis qui me regardait.

Madame de Sérences a marché seule dans l’avenue. Les grands arbres l’accompagnèrent, un à un, silencieusement. Au bout s’ouvrait la perspective des jardins. Ils étaient vraiment admirables. Les masses de verdure disposaient une ombre fraîche. Trois joueurs de flûte se répondaient au fond du labyrinthe, cachés dans la conque compliquée du dédale ; les eaux jaillissantes