Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/154

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vinrent ; Hertulie aimait à les regarder voler ; leur vivacité l’amusait ; d’un vol franc, elles tournoyaient autour de la maison dès l’aube jusqu’au moment où, au ciel crépusculaire, les chauves-souris leur succédaient, cherchant à les imiter hâtivement, à tâtons, de leurs ailes incertaines. Alors elle se détournait presque avec peur : leur voltige alambiquait l’ombre d’un alphabet bizarre. Un soir qu’Hertulie s’attarda un peu à les regarder inscrire en zigzags sur le ciel les paraphes hiéroglyphiques de leur apocryphe légende, en allant, la fenêtre enfin close, allumer une cire, son pied heurta sur le tapis un objet sonore, c’était une clef.

Le lendemain, la jeune femme se réveilla tout en pleurs, comme si les ténèbres eussent eu de nouveau pitié d’elle. Sa pauvre âme se navrait de l’interminable absence, et s’affolait des signes mystérieux dont l’incompréhensibilité énigmatique augmentait sa détresse ; détendue par les larmes, pourtant, elle se sentait faible et endolorie. L’aube d’été enfarinait l’enlinceulante blancheur de ses draps et, posé là pendant son sommeil, juste sur sa poitrine, il y avait un épi de blé mûr.