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D’HERMAS A HERMOTIME

Il est donc vrai que tu aies marché vers ton Destin ! Je pressentais cette conjoncture. On tergiverse vis-à-vis de soi-même, mais qui s’entrevoit se cherche ensuite à jamais, et les présents que tu m’envoyas m’apprirent que tu t’étais trouvé. Les voici, là, sur ma table, et, en les regardant, je pense à toi. Je te revois tel que lors de nos rencontres dans le vieux jardin. J’ignore tes voies, ô Hermotime ! quelles pierres tu as fait rouler devant toi, sur tes chemins, du bout de ta canne d’épine noire. Comment en vins-tu à la sagesse de te conformer à tes songes ? C’est à soi-même qu’on s’initie. Ce fut à toi qu’il fallut que tu revinsses à travers les vaines doctrines. Hertulie t’en enseigna davantage que les livres des philosophes. Elle avait des yeux charmants et savait tenir une fleur de ses belles mains : elle lui ressemblait. Nous ne devons respirer que ce que nous avons fleuri et c’est à